Mesures pour éviter de prendre de poids (ou pour en perdre)
La prise de poids est un effet secondaire fréquent des antidépresseurs, des neuroleptiques et des régulateurs de l’humeur. Le risque est variable selon les médicaments (voir les différents risques ici : Prise de poids selon les psychotropes).
Les médicaments peuvent agir à différents niveaux de la régulation du poids : augmentation de l’appétit, augmentation de l’appétence pour le sucre, augmentation de la soif avec consommation de boissons sucrées, diminution du métabolisme basal, perturbation du métabolisme des sucres et des lipides, modification de la distribution des graisses, diminution de l’activité physique en rapport avec des effets sédatifs,…
La prise de poids est la source de nombreuses autres pathologies (troubles musculo-squelettiques, troubles cardio-vasculaires, troubles respiratoires, diabète, maladie auto-immunes,…). Il est donc essentiel de la prévenir au mieux.
Il est donc
• Faire de l’exercice physique :
- Marcher au moins 30 mn par jour, de manière soutenue (marcher pendant tout ou partie des trajets pour aller au travail ou pour faire ses courses ; dans les transports en commun, descendre une station avant et terminer à pieds ; si le temps est maussade, remplacer la marche par des exercices à domicile, par des pas de danse )
- Être plus actif pour ses activités quotidiennes (ménage, courses,…)
- Utiliser de préférence l’escalier à l’ascenseur
- Ne pas rester assis pendant de longues périodes, par exemple profiter du temps de publicité à la télévision pour être actif
- Adopter des loisirs plus actifs
- Le cas échéant, augmenter les activités telles que le jardinage, le bricolage ; sortir son chien plus souvent le promener plus longtemps
- À noter : d’une part, l’activité régulière permet de consommer des calories, d’autre part le fait de se muscler permet d’augmenter le « métabolisme basal » (les muscles en eux-même, pour se maintenir, consomment des calories).
Il peut être utile de noter ses activités physiques, pour les planifier et augmenter progressivement le temps qui leur est consacré.
• Retrouver ses sensations de faim et de satiété :
- Manger assis à une table (éviter de regarder la télévision (qui diminue les sensations et fait manger vite))
- SI vous prenez un Petit-déjeuner, il doit être bassé sur des protéines et des graisses et non sur des sucres
- Exercices de respiration avant de manger
- Privilégier la qualité
- Bien présenter les aliments ; visualiser l’ensemble de son repas avant de manger
- Regarder, sentir les aliments
- Manger calmement, faire des petites bouchées, poser sa fourchette entre chaque bouchée, mastiquer 20 fois chaque bouchée
- Le jeûne intermittent permet de retrouver la perception précise de ses besoins caloriques
Si ceci ne suffit pas à restaurer des sensations permettant une évaluation précise des besoins alimentaires, il faut tenter de supprimer des aliments « addictogènes » (gluten,laitages, sucres).
• Ne pas grignoter
• Manger à heures fixes (ne pas attendre d’avoir trop faim pour manger)
• Diminuer fortement les sucres: soda, confitures, fruits au sirop, confiseries, pâtes à tartiner… ; pain blanc, pommes de terre ; pâtes,… ; selon l’OMS, ne pas dépasser 25 g de sucre ajouté par jour (6 càc), incluant le sucre dans les plats préparés, les boissons non alcoolisées et alcoolisées (se méfier des sucres cachés (p.ex : une cuillère à soupe de ketchup contient environ 4 grammes (à peu près une cuillère à café) de sucres libres et une canette de soda en contient jusqu’à 40 grammes (environ 10 cuillères à café)),… ; préférer les fruits aux jus de fruits ; Éviter le plus possible le Fructose (« sirop de glucose-fructose », « HFCS » (High Fructose Corn Sirup), largement utilisé en agro-alimentaire.
• Si tendance importante à prendre du poids (neuroleptiques,…): diminuer les sucres et les graisses au profit des protéines
• Exclure les viennoiseries
• Diminuer fortement charcuteries, sauces, pizzas, fromages, pain
• Pas plus de 10g d’alcool (1 verre de vin ou 25 cl de Bière à 5°c) par jour
• Manger l’entrée 20 mn avant le reste du repas ; Utiliser des petites assiettes
• Favoriser les aliments riches en fibres : pain complet, fruits, légumes, légumineuse, avoine,…
• Ne pas consommer d’aliments « light » ou ultra-transformés
• Boire 1,5 l d’eau par jour ; Boire un verre d’eau avant les repas ; Boire à petites gorgées au cours de la journée• En cas de faim : boire (p.ex : eau + citron pressé,…), manger un quartier de pomme
• Faire les courses alimentaires après avoir déjeuné
• Diminuer la température de l’appartement et du bureau
• Dormir 8h00 par nuit minimum (le manque de sommeil fait grossir)
• Prendre des probiotiques (enrichir la flore intestinale en bactéries qui ne stimulent pas l’appétit)
• Schéma général des repas :
- Le matin : si la sensation de faim est présente : Jambon, viande froide ; œufs ; fromage ; sardines, surimis ; lentilles, pois cassés, pois chiches, haricots rouges, blancs,… ; amandes, noisettes,… Ne pas petit-déjeuner avec des sucres (pain blanc, biscottes, confiture, viennoiseries,…).
- Le midi : Protéine (viande, œufs ou poisson) + légume
- Éventuellement goûter 4-5h00 après le déjeuner (amandes,…)
- Le soir : Privilégier les féculents, en quantité modérée ; si peu ou pas faim : ne pas dîner
• Surveiller son poids. Se peser une fois par mois (éventuellement, calculer l’Indice de Masse Corporelle (IMC) : poids divisé par la taille au carré). Surpoids si IMC >23kg/m2 ; Obésité si IMC >30/m2). (Le médecin mesurera le tour de taille, avec un mère-ruban, à l’endroit le plus mince, entre le bas des côtes et l’os du bassin (crête iliaque). Au-dessus de 94 cm pour les hommes et 80 cm pour les femmes, on parle d’« obésité abdominale ». On mesure aussi le tour de hanches à l’endroit où il est le plus large. Le rapport Tour de taille/Tour de hanche (RTH) est un meilleur facteur de prédiction du risque cardio-vasculaire que l’IMC. Le risque cardio-vasculaire apparaît pour un RTH supérieur à 0,95 pour les hommes et 0,85 pour les femmes.
Chirurgie bariatrique et psychiatrie
En situation d’obésité, la chirurgie peut être proposée : la gastrectomie partielle (« Sleeve »), consistant à enlever une partie de l’estomac ou le Court-circuit (« By-pass ») consistant à ‘brancher’ la partie haute de l’estomac sur une anse intestinale.
Cette chirurgie comporte des risques :
- Risques chirurgicaux (perforations digestives, infections, thromboses). La mortalité dans le 90 jours qui suivent l’opération est de 1 pour 1000 patients.
- Complications tardives liées à d’éventuelles carences nutritionnelles
- Anémies (par carence en fer, vitamines B9, B12)
- Complications neurologiques parfois graves ;
- Atteinte des nerfs périphériques (carences en vitamine B12 ou en cuivre, plus rarement en vitamine B9 ou en vitamine E), avec évolution, en l’absence de traitement, vers la paraplégie (paralysie des membres inférieurs) avec incontinence urinaire
- Encéphalopathie aiguë par carence en vitamine B1 (Gayet-Wernike)
- Troubles visuels
- Parfois atteintes cutanées (sècheresse ou hématomes et saignement par carence en vitamine K), muqueuses (inflammation)
- Augmentation probable du risque de fracture
- Dénutrition protéique (environ 10% des patients ayant eu un Court-circuit)
- Reflux gastro-œsophagien (15 à 45% des patients)
- Troubles digestifs dans la première heure suivant le repas (Dumping syndrome précoce) ; hypoglycémie 1 à 4h00 après le repas (Dumping syndrome tardif)
- Ulcère de l’anastomose entre l’estomac et l’anse intestinale (« gastro-jéjunale ») dans le Court-circuit (1 à 25% des patients selon les études)
- Lithiases biliaires ou urinaires : fréquence augmentée pendant plusieurs années (dans les 10 ans après la chirurgie bariatrique, l’ablation de la vésicule biliaire est réalisée chez 15%des patients)
- Hermies ; occlusions
- Complications psychiatriques :
- Augmentation du risque d’auto-mutilation
- Augmentation du risque suicidaire : ce risque est doublé par rapport à des personnes non opérées de même âge et de même indice de masse corporelle
- Augmentation du risque de consommation excessive d’alcool (après les 2-3 premières années suivant la chirurgie bariatrique, 10% des patients déclarent une consommation d’alcool à risque)
- Augmentation du risque d’addictions à des substances illicites et à des médicaments (environ 10% des patients)
- Par ailleurs, les troubles psychiatriques peuvent rendre plus incertain le suivi nutritionnel à vie et l’observance des traitements indispensables de supplémentation en vitamines et autres nutriments, ce qui augmente le risque des complications par carence sus-cités
- Absorption incertaine des médicaments, notamment des médicaments à Libération Prolongée (LP), comme la VENLAFAXINE LP, la QUÉTIAPINE LP, le TÉRALITHE LP
Cette chirurgie a une balance bénéfices-risque favorables uniquement pour certains patients en situation d’obésité massive (IMC > 40kg/m2) ou sévère, avec des complications de l’obésité, notamment le diabète.
Chez les personnes ayant des troubles psychiatriques, il convient d’être particulièrement prudent.
(Source : Prescrire, juillet 2025, p.519 et suivantes)