Le Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité
Définition :
Il se caractérise par l’association :
– Inattention
– Impulsivité
– Dans un grand nombre de cas de l’Hyperactivité physique (ne pas tenir en place,…) et/ou mentale (pensées surabondantes)
– Souvent de la procrastination (remettre les choses au lendemain)
– Des fluctuations de l’humeur
– Souvent une dégradation de l’estime de soi secondaire aux échecs et difficultés crées par les symptômes ci-dessus
Tous ces critères sont développés dans le DSMV de manière très claire et permettant le diagnostic.
Le TDAH a longtemps été considéré comme ne touchant que les enfants, alors qu’il se persiste souvent à l’âge adulte. Le DSM V actualise les critères du TDAH pour les appliquer à l’adulte.
Le TDAH a longtemps été ignoré ou mal connu de la plupart des médecins. La prescription en excès de son traitement, le Méthylphénidate (Ritaline ou autres), notamment auprès d’enfants étatsuniens a fait apparaître ce diagnostic comme le signe d’une intolérance parentale et sociétale à la spontanéité des enfants. En réalité, le TDAH est une maladie bien identifiée, sérieuse et invalidante, qui bénéficie de très nombreuses études.
Récemment, une revue des études de meilleure qualité réalisées dans le monde incluant plus de 2000 participants pour chaque étude a abouti à dégager des notions irréfutables sur le TDAH (« evidence-based assertions »), publié en février 2021 par la fédération mondiale du TDAH.
Voici ces principales notions :
• Le TDAH est décrit dans la littérature médicale depuis 1775.
• Le diagnostic de TDAH est réalisé par la clinique (recueil de l’histoire, des symptômes actuels, des observations de l’entourage scolaire/professionnel et familial, antécédents familiaux,…). ((Ce recueil de donné est guidé par le DSM V)). Les échelles diagnostiques et les bilan neuro-cognitifs jouent un rôle d’appoint.
• Le TDAH est plus fréquent chez les hommes. Il concerne 5,9 % des jeunes et 2,5 % des adultes, quelque soient les pays.
• Le TDAH est la cause de nombreuses complications :
– Conséquences directes de l’impulsivité : accidents, addictions, maladies sexuellement transmissibles, grossesses non désirées, délinquance, ruptures conjugales,…
– Conséquences de la mauvaise hygiène de vie : obésité, diabète,…
– Conséquences de la dévalorisation liée aux échecs, au rejet : dépressions, suicides
Le coût mondial de ces conséquences se chiffre en centaines de milliards d’euro chaque année.
• Le traitement est efficace sur les symptômes et sur la prévention des conséquences délétères du trouble.
• Le traitement est d’abord médicamenteux. La psychothérapie est utile, mais associée au traitement médicamenteux.
• Les traitements médicamenteux stimulants (Méthylphénidate, Lysdexamphétamine) sont plus efficaces que les traitements non stimulants (Atomoxétine, Guanfacine).
• Les traitements présentent peu d’effets secondaires.
Le TDAH est compris comme un « Trouble des Fonctions Exécutives ».
Les fonctions exécutives permettent l’organisation, la planification, le maintien de l’effort en vue du but fixé. Elles sont situées dans le cortex préfrontal.
On peut se représenter, brièvement, les fonctions exécutives de la façon suivant :
* La fonction exécutive fondamentale est la mémoire de travail.
La mémoire de travail permet de garder présentes à l’esprit des données pendant quelques secondes ou quelques minutes, au service de l’action. Elle accompagne l’action pendant tout son déroulement
Elle permet de mémoriser le but de l’action et de se projeter dans le temps. Elle est en interaction avec les neurones préfrontaux chargés de la planification. Lorsqu’elle fonctionne bien, elle permet de se mettre en action et de maintenir l’effort, au-delà des frustrations, en anticipant la récompense liée de l’action réalisée.
* Pour que la mémoire immédiate fonctionne bien, il est nécessaire que la fonction d’inhibition soit efficace pour :
– inhiber les distractions, les idées parasites. Ceci permet l’attention soutenue (localisée dans le cortex pariétal), qui est la condition sine qua non de l’exercice de la mémoire immédiate.
– inhiber le stress (pr rétro-contrôle sur les structures amygdaliennes), inhiber l’impulsivité, inhiber l’hyper-activité et inhiber les souvenirs inconscients. Ceci crée un climat émotionnellement serein, nécessaire au bon exercice de la mémoire de travail.
– inhiber la dispersion de l’attention, pour se centrer sur les informations nouvelles pertinentes pour l’action en cours. Ceci permet la flexibilité, l’adaptabilité
Le TDAH se caractérise par un défaut de la fonction d’inhibition.
En conséquences :
– L’attention se disperse sur de nombreux stimuli et ne peut être soutenue dans une direction unique.
– Le sujet peut être envahi par le stress, l’impulsivité, l’hyper-activité et des souvenirs anciens (qui resurgissent par association, alors qu’ils devraient rester inconscients). Son climat émotionnel n’est pas serein.
Ce défaut de la fonction d’inhibition et les conséquences qu’il entraîne sur la mémoire de travail conduisent à :
– une difficulté à initier l’action : procrastination
– une difficulté d’organisation
– une difficulté à maintenir la motivation
Le sujet TDAH peut agir de manière très efficace quand il est passionné et/ou en relation affective avec un enseignant, un collègue. L’implication intellectuelle et affective lui procure une motivation intense (par activation du circuit dopaminergique de la récompense) et il peut être très efficace.
Il en est de même s’il agit dans l’urgence.
En dehors de ces deux situations, le défaut de la fonction d’inhibition entrave le circuit ordinaire du déclenchement de l’action et du maintien de l’effort.