Stress chronique et conséquences pathologiques

Différents types de stress

Les stress aigus sont bien repérables (agression, accident,…). Ils exposent aux Troubles de Stress Post-traumatiques.

Les stress chroniques peuvent être liés à la répétition d’événements repérables facilement (harcèlement, manque d’argent chronique, violences répétées,…).

Cependant, il existe des stress chroniques peu repérables. Il s’agit de l’inconfort psychique, voire de la souffrance, permanent lié au fait de ne pas bien repérer ses émotions, de ne pas exprimer ses émotions, notamment la colère, de ne pas repérer et faire respecter ses besoins. Ce refoulement de ses émotions et besoins est désormais reconnu comme un stress chronique causant les mêmes conséquences que les stress chroniques repérables. Ils constituent les mêmes facteurs de risques des pathologies liées au stress chronique.

 

Physiologie du stress

Stress aigu

Notre physiologie est adaptée à des stress aigus. À l’instar de nos ancêtres, nous pouvons faire face à une menace immédiate.

L’adrénaline dilate nos bronches pour mieux respirer, accélère le cœur et augmente la pression artérielle pour fournir plus d’oxygène aux organes (et donc plus d’énergie en activant l’efficacité de la chaîne respiratoire mitochondriale), augmente la quantité de sucre et de graisse disponibles dans le sang. Elle permet également de focaliser notre attention sur le danger, de mémoriser la scène de l’agression (pour s’en méfier à l’avenir), de prendre des décisions rapides.

Le cortisol, deuxième hormone du stress, augmente le taux de sucre dans le sang et stimule la dégradation des protéines et des graisses de tous les organes (sauf le système nerveux) pour libérer des graisses et des acides aminés dans le sang, afin de fournir de l’énergie. L’Adreno-Cortico-Trophine-Hormone qui déclenche la sécrétion de cortisol facilite l’apprentissage de comportements adaptés. La sécrétion de béta-endorphines permet d’être moins sensible à la douleur.

En revanche, nous ne sommes pas faits pour subir des stress répétés ou être exposés à des stress chronique.

Stress chronique

Le stress chronique abime l’organisme par cinq mécanismes :

  • Il provoque une inflammation chronique
  • Il perturbe l’immunité, notamment en diminuant l’activité de certains globules blancs nécessaires à l’élimination de cellules étrangères ou cancéreuses (lymphocyte NK)
  • Il dérègle l’axe hypoyhalamo-hypophyso-surrénalien, responsable de la sécrétion d’adrénaline et de cortisol. Ces deux hormones sont sécrétées anarchiquement et excessivement. Ceci entraîne notamment une perturbation du métabolisme des graisses et des sucres, une altération des vaisseaux sanguins, un entretien de l’inflammation, un retard de cicatrisation
  • Il entraîne des modifications de certaines structures cérébrales. Les amygdales, responsable de l’état d’alerte, par exemple deviennent plus réactives pour des stimuli plus faibles
  • Il modifie l’expression de certains gènes (effet « épigénétique »), pouvant rendre le sujet encore plus vulnérable aux stress

Ces dysfonctionnements chroniques conduisent à diverses pathologies.

Pathologies liées au stress

• TROUBLES DU SOMMEIL : difficultés d’endormissement, réveils nocturnes, réveil précoce, diminution du sommeil lent profond, perturbation de l’organisation du sommeil paradoxal(par altération du rythme de sécrétion du cortisol, hormone de la vigilance (ne diminue pas le soir comme ellele devrait provoquant d’endormissement,ou diminue vers 17-18h00 au lieu de 23h00 (avance de phase), …) ; par l’activité de certains médiateurs inflammatoires ; par action de la Prolactine et du CRF,…)

• ANXIÉTÉ, HYPER-RÉACTIVITÉ (par hyperactivité chronique de l’adrénaline, hypertrophie des amygdales cérébrales (structure de la réaction aux stress, de la peur))

• DÉPRESSION (liée aux troubles du sommeil et à l’anxiété et à des mécanismes spécifiques : altération de la plasticité neuronale, neurotoxicité particulièrement dans l’hippocampe (région impliquée dans les émotions), altération des récepteurs sérotoninergiques, perturbation du métabolisme de la sérotoninepar certaines cytokines inflammatoires (entraînant une moindre disponibilité de la noradrénaline),augmentation de la dopamine, libération de Glutamate, parasitage de la signalisation des neuromédiateurs par les cytokines inflammatoires,…)

• AGGRAVATION DES TROUBLES DE L’HUMEUR, VOIR DÉCLENCHEMENT DES TROUBLES DE L’HUMEUR (par l’action des cytokines inflammatoires notamment)

• ADDICTION (le cortisol augmente la sensibilité du cerveau aux psychotropes)

Ces troubles neuro-psychiatriques provoquent des cercles vicieux : le stress chronique provoque des troubles du sommeil, de l’anxiété, de l’hyper-réactvité, et de la dépression qui nourrissent, à leur tour, l’état de stress permanent qui maintient et amplifie les dysfonctionnements physiologiques et le risque de pathologies associées.

• TROUBLES DU RYTHME CARDIAQUE (par amplification du système sympathique au détriment du système para-sympathique (=> excitabilité, perte de la variabilité cardiaque (potentiellement restaurée par la « cohérence cardiaque »))

• AFFECTIONS CARDIOVASCULAIRES (INFARCTUS DU MYOCARDE, AVC) à cause de :

  • SYNDROME MÉTABOLIQUE (OBÉSITÉ viscérale +DYSLIPIDÉMIE (hyper-cholestérolémie et diminution du « bon » cholestérol (HDL), augmentation des triglycérides)
  •  HYPERTENSION ARTÉRIELLE
  • DIABÈTE
  • LÉSIONS ENDOTHÉLIALES (altération de la parois des vaisseaux)
  • TROUBLES DU SOMMEIL (quiconstituent un facteur de risque cardio-vasculaire à part entière et un facteur d’obésité (en augmentant la ghréline, hormone synthétisée par l’estomac et qui donne faim, et en diminuant le leptine, hormone synthétisée par le tissus adipeux et qui induit la satiété))
  • Éventuellement TROUBLES DU RYTHME CARDIAQUE (formation de caillot dans les oreillettes en cas de Fibrillation Atriale ; détachement de plaques d’athérome instables)

(Voir plus d’informations sur le site de la Fédération Française de Cardiologie)

• TROUBLES DIGESTIFS :

  • Troubles fonctionnels (« colopathie fonctionnelle »)
  • Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin (MICI) (Maladie de Chrohn, Recto-Colite Hémorragique) : déclenchement de poussées mais aussi déclenchement de la maladie elle-même
  • Ulcères gastro-duodénaux (l’excès de cortisol lié au stress chronique favorise le développement de Helicobacter Pylori)

• TROUBLES MUSCULO-SQUELETTIQUES (tendinites, lombalgies, douleurs musculaires (par augmentation du tonus musculaire ce qui contraint les tendons et les cartilages ; altération des muscles par le cortisol et l’inflammation ; altération des tendons par l’effet mécanique de la tension inadéquate et par l’inflammation)

• ALTÉRATION DE L’IMMUNITÉ => Aggravation des infections ; déclenchement de maladies auto-immunes et inflammatoires et de cancers

• Certaines composantes ci-dessus s’associent fréquemment pour constituer un SYNDROME DE FATIGUE CHRONIQUE :

Malgré un examen clinique normal et des explorations complémentaires normales (éliminant notamment une hypothyroïdie ou une insuffisance surrénalienne).

Les critères sont les suivants (Committee on the Diagnostic Criteria for Myalgic Encephalomyelitis/Chronic Fatigue Syndrome, 2015) :

Le patient présente les 3 symptômes suivants:

    • Une réduction importante ou un affaiblissement de la capacité à se livrer à des activités professionnelles, éducatives, sociales ou personnelles qui persiste pendant plus de 6 mois accompagnée de fatigue, qui est souvent profonde, d’apparition nouvelle ou définitive, n’est pas le résultat d’un effort excessif en cours, et n’est pas sensiblement atténuée par le repos
    • Malaise après l’effort
    • Sommeil non réparateur

Associés à au moins une des manifestations suivantes :

    • Troubles cognitifs (difficultés de concentration, de mémoire, de raisonnement)
    • Hypotension orthostatique (sensations vertigineuses en se levant du lit ou d’une chaise)

Lorsque des douleurs diffuses, persistantes, avec douleur à la pression sont associées, on parle de fibromyalgie.

 

• Enfin, il est maintenant établie que le stress chronique provoque une DIMINUTION DE L’ESPÉRANCE DE VIE : il est maintenant bien démontré que les effets physiologiques du stress provoquent un vieillissement accéléré, notamment en entravant les réactions de méthylation de l’ADN (fixation d’un radical CH3) nécessaire à la bonne expression de nos gènes. Des méthodes existent maintenant pour quantifier précisément cette perte d’espérance de vie, à partir d’une prise de sang. La technique Gim Age est particulièrement performante. Voir ici un article d’avril 2021 où elle est appliquée à l’évaluation des conséquence des épisodes dépressifs majeurs, stresseurs particulièrement délétères.

Traitement

Pour le traitement du stress chronique, voir : Gérer le stress et Burn Out

 

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Sources : multiples, on peut citer notamment :

http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/217/?sequence=19

http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/217/?sequence=18