Troubles du rythme cardiaque liés aux psychotropes : « syndrome du QT long »

Certains psychotropes peuvent donner des troubles du rythme cardiaque ventriculaire (« torsades de pointe »), qui peuvent être graves voire mortels.

Ce risque est lié à l’allongement de la conduction de l’influx nerveux entre les oreillettes et les ventricules, visible à l’Électro-Cardio-Gramme (ECG) par l’allongement de l’intervalle QT. Les patients dont l’intervalle QTc (corrigé par la fréquence cardiaque) dépasse 500 millisecondes ou se trouve augmenté de plus de 60 millisecondes par rapport à un ECG antérieur, sont considérées comme à haut risque de torsade de pointes.

Les risques d’aggravation d’un syndrome du QT long sont : le sexe féminin, l’âge avancé, un manque de potassium, de magnésium ou de calcium, un cœur qui bat lentement (bradycardie) ; diverses maladies cardiaques, hépatiques, rénales, neurologiques, l’hypoparathyroïdie, la fièvre, les drogues.

Le syndrome du QT long est en général asymptomatique. Le type et l’intensité des éventuels symptômes dépendent notamment du rythme et de la durée des torsades de pointe : palpitations, sensations vertigineuses, syncopes, parfois convulsions généralisées confondues avec des crises d’épilepsieDevant des symptômes de ce type chez un(e)patient(e) sous psychotropes, il faut réaliser un ECG.

Lorsqu’il a des torsades de pointes à l’ECG, le traitement doit être arrêté immédiatement.

L’allongement de l’intervalle QT régresse avec la diminution de la dose et disparaît à l’arrêt du médicament dans un délai fonction de sa demi-vie (d’où l’intérêt d’éviter les médicament à demi-vie longue comme la Fluoxétine (Prozac)).

Certains patient(e)s ont déjà un intervalle QT long génétiquement. Il est donc prudent de détecter cette anomalie en réalisant un ECG systématique avant la mise en place d’un traitementsusceptible d’allonger l’intervalle QT.

En cas de grossesse, l’enfant à naître et me nouveau-né sont exposés aux mêmes effets indésirables que la mère.

 

Médicaments en cause

(NB : l’effet est dose-dépendant et est amplifié par l’addition de médicaments pouvant provoquer cet effet. Toute association de médicaments avec des psychotropes nécessite préalablement de vérifier le risque d’addition d’effets indésirables, d’autant que de nombreux médicaments « courants » peuvent allonger l’intervalle QT

Psychotropes :

Antidépresseurs : Citalopram (Séropram) : Escitalopram (Séroplex) ; Fluoxétine (Prozac) ; Amitriptyline (Laroxyl), Imipramine (Trofranil) ; Venlafaxine (Effexor) ; quelques rares cas ont été signalés avec la Mirtazapine (Norset) et la Miansérine

Neuroleptiques : notamment Chlorpromazine (Largactil), Alimémazine (Théralène)

Des anti-épileptiques dont la Prégabaline (Lyrica) et la Gabapentine (Neurontin)

Médicaments du TDAH : Méthylphénidate ; Atomotexine

Anti-vomissements :

Neuroleptiques « cachés », utilisés comme anti-émétiques (Métoclopramide (Primpéran), Dompéridone (Motilium), Alizapride (Plitican), Métopimazine (Vogalène)

Autres anti-émétiques : « Sétron » (antagoniste du récepteur 5HT3 de la Sérotonine), comme l’Ondansetron (Zophren)

Anti-Histaminique H1 : surtout l’Hydroxyzine (Atarax), Ébastine (Kestin), Mizolastine (Mizollen)

Broncho-dilatateurs et autres médicaments de pneumologie : Salbutamol (Ventoline), Formotérol (autre Béta-Stimulant) ; Glycopyrronium (dans des dispositifs inhaler)

Opioïdes : Tramadol, Méthadone, Lopéramide (Imodium ; utilisé comme anti-diarrhéique)

Médicaments utilisés dans l’hyperactivité vésicales

Nombreux anti-biotiques et autres anti-infectieux : Fluoroquinolones; antipaludéens (même l’Artémisia (plante)) ; anti-fongiques azotés ; antirétroviraux

Anti-arythmiques

Anti-androgènes

Cytotoxiques utilisés dans les cancers


Par ailleurs, Clozapine (Léponex), Olanzapine et Prégabaline (Lyrica) peuvent « fatiguer » le cœur et provoquer des insuffisances cardiaques.

Principales sources :

Prescrire, Juin 2021, p428-436 pour le syndrome du QT long

Prescrire, Interactions médicamenteuses, 2021