Importance de la mastication

La digestion commence dans la bouche. Si elle commence mal, elle se termine mal…

• La salive comporte une « amylase », enzyme qui commence la digestion des sucres. Il n’y a pas d’enzymes pour digérer les sucres dans l’estomac, il faut attendre l’intestin grêle pour la suite de la digestion des sucres (grâce à l’amylase pancréatique déversée dans le duodénum et grâce aux enzymes des cellules du grêle).

• La salive comporte, en faible quantité, une lipase (sécrétée par les cellules de Von Ebner, à la base de la langue), dont le rôle est de commencer à scinder les lipides en acides gras, ce qui permet de percevoir la teneur en graisse de ce que l’on mange, d’informer le cerveau de l’arrivée de graisse, de faciliter la sécrétion de lipase pancréatique (stimulée plus rapidement par l’arrivée, au niveau du duodénum, d’une petite quantité d’acides gras déjà libérés).

• La mastication permet, également, de concasser les protéines, ce qui facilité l’action des enzymes de l’estomac (pepsine) et du pancréas (Trypsine, Chymotrypsine, carboxypeptidase).

• La mastication provoque des sécrétions anticipées gastriques, pancréatiques et biliaires(1), ce qui permet de pallier la diminution de ces sécrétions (burn out, vieillisement, stress,…).

• La salive contient du lysozyme, destructeur d’une partie des germes présents dans les aliments.

• La mastication permet la sécrétion de « Epidermal groth Factor » indispensable à la santé de la muqueuse digestive et pour prévenir et traiter la perméabilité interstinale.(2)

Il est important de mastiquer longuement (20 mastications minimum par bouchée) pour faire sécréter la salive et imprégner le bol alimentaire des enzymes salivaires et leur laisser le temps de travailler.

Aborder le repas calmement, après trois grandes inspirations. Etre attentif aux éventuelles pesanteurs, légères douleurs en mangeant : faire une pause. Manger par petites quantités, faire des petits repas.

Inversement :

Mastiquer insuffisamment amène des sucres non digérés dans l’estomac, ce qui peut distendre l’estomac et provoquer des douleurs, amène des protéines non broyées dans l’estomac et le tube digestif qui seront incomplètement digérées par les enzymes. Les sucres et les protéines incomplètement digérés ne peuvent être absorbés et persistent dans la lumière du tube digestif où ils nourrissent des bactéries et déséquilibrent la flore bactérienne, à l’origine de troubles digestifs, de fatigue,…

Manger rapidement et en étant stressé expose à une vidange trop rapide de l’estomac, ce qui amène un surcroit d’acide, de graisses et d’osmolarité dans le dudodénum et entraîne une distention du duodénum, une irritation de la paroi du duodénum, ce qui cause des douleurs pendant et après le repas, et une mauvaise digestion.

Bien mastiquer peut parfois suffire à prévenir et guérir des douleurs abdominales, des troubles du transit, de la fatigue,…

Pour cela, il faut avoir une bonne santé dentaire.

Sources :

1 Médart J, Manuel pratique de nutrition, de Bœck, Bruxelles, 2005, p.21
2 Epidermal growth factor (EGF), also known as epithelial growth factor, urogastrone-EGF, and (3-urogastrone, is a single chain polypeptide secreted by the submandibular salivary glands, duodenal Brunner’s glands, small intestinal Paneth cells, and other exocrine glands including the pancreas. Jankowski J, Coghill G, Tregaskis B, Hopwood D, Wormsley KG. Epidermal growth factor in the esophagus. Gut 1992;33: 1448-1453.