Sécheresse oculaire

La surface de l’œil (conjonctive et cornée) est protégée du contact avec l’air et des agressions microbiennes par un film très élaboré composé de trois couches : une couche de grosses protéines glycolsylées (mucines) qui accroche le film à la surface de l’œil, une couche d’eau « anti-microbienne » (contenant des anticorps, des vitamines, des enzymes) et une couche de lipides qui empêche l’évaporation. Les mucines sont sécrétées par des cellules de la conjonctive, l’eau par les glandes lacrymales, les lipides par de petites glandes se trouvant sous les paupières.

La sécheresse oculaire est liée à la rupture de ce film. Si cela n’est pas réparé rapidement, il s’ensuit des lésions de la cornée et de la conjonctive. Ces lésions deviennent elles-même un facteur d’entretien de la sécheresse oculaire. Une fois ce cycle enclenché, il devient très difficile de bloquer les mécanismes qui entretiennent l’inflammation de la surface oculaire. Il est donc nécessaire de prévenir la sécheresse oculaire et d’intervenir, le cas échéant, le plus tôt possible quand elle se présente.  Les premiers signes sont les suivants : douleur, irritation, parfois excès de larmes qui peut masquer la sécheresse oculaire.

L’âge avancé, le sexe féminin, le diabète, les maladies auto-immunes (surtout le sydrome de Gougerot-Sjögren), la madame de Parkinson, des maladies oculaires, le faible clignement des yeux (notamment en regardant un écran d’ordinateur pendant de longues durées), un pièce surchauffée et peu humide, la climatisation sont des facteurs de risque de sécheresse oculaire.

De nombreux médicaments peuvent provoquer une sécheresse oculaire :

  • tous les médicaments ayant un effet anticholinergique
  • tous les psychotropes à effet anticholinergique
  • des antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine comme la SERTRALINE.
  • des bêtabloquants : quand il y a en même temps un blocage des récepteurs alpha à l’adrénaline, il se produit une diminution de la sécrétion de larmes ; rare avec le Propanolol
  • des diurétiques  ; l’Hydrochlorothiazide diminue la sécrétion aqueuse lacrymale
  • un antiarythmique : Disopyramide (Rythmodan ou autre)
  • des médicaments de l’année (rétinoïdes)
  • des médicaments hormonaux (traitements hormonaux substitutifs de la ménopause, plus rarement les contraceptifs œstroprogestatifs, les médicaments antiandrogéniques)
  • des AINS, dont l’Ibuprofène
  • le Sildénafil (Viagra)
  • des antitumoraux,…

Il est important d’être prévenu de cet éventuel effet secondaire pour le signaler dès qu’il apparaît.

Source : Prescrire, Décembre 2020