Vitamine D

La vitamine D (1) se trouve dans les poissons gras.

Elle est également synthétisée par l’action du soleil sur la peau. Ce mécanisme est empêché par les crèmes solaires, les vêtements couvrants. Il diminue fortement si la peau est pigmentée. Il diminue avec le vieillissement (dès 50 ans). La vitamine D est stockée dans les graisses ; l’obésité entraîne une « séquestration » de la vitamine D, qui en diminue la quantité disponible.

La vitamine D est bien connue pour son rôle dans la minéralisation des os (absorption intestinale du calcium et fixation du calcium sur l’os ; l’hypovitaminose D entraîne le rachitisme chez l’enfant et l’ostéomalacie chez l’adulte). Cher les personnes âgées de plus 70 ans, vivant en institution ou ne sortant pas de leur domicile, la supplémentation en vitamine D, associée si nécessaire à un apport de calcium médicamenteux, réduit d’environ 1/4 le risque de fracture du col du fémur (2).

Le taux sanguin de vitamine D doit être supérieur à 75 nmol/L (ou 30 ng/ml ; seuil en-dessous duquel il y a un risque d’hyperparathyroïdie secondaire (3) ; seuil au-dessus duquel le risque de chute et de fractures est réduit chez le sujet âgé)) et ne pas dépasser 200nmol/L. Le taux idéale est de 100nmol/l (40ng/l).

Depuis une vingtaine d’années, de nombreux rôles de la vitamine D sont en train d’être découverts. Ils sont résumés ainsi par l’Académie de Médecine (4).

Immunité :

•Prévention du développement de certaines maladies infectieuses.

Le rôle de la vitamine D sur l’immunité acquise explique le rôle de l’ensoleillement dans le traitement et la prévention des maladies infectieuses. Au premier rang, il est démontré que le bacille tuberculeux est très sensible à l’ensoleillement et à la vitamine D.

De nombreuses données épidémiologiques suggèrent que le statut vitaminique D jouerait un rôle dans l’apparition saisonnière de la grippe c’est à dire en hiver, au moment ou l’ensoleillement est le plus bas. Un essai clinique en double insu contre placebo a montré une diminution de l’incidence de la grippe saisonnière chez des enfants japonais qui avaient reçu 1200 UI de vitamine D3 par jour par rapport à ceux qui avaient reçu un placebo (Urashima). Des études dans les pays en voie de développement (Yemen, Inde), mais aussi en Finlande dans une étude prospective chez le nourrisson, démontrent que le statut vitaminique D joue un rôle dans l’apparition des infections respiratoires. L’enfant asthmatique est sujet à un plus grand nombre d’infections pulmonaires si son statut vitaminique est bas.

• Prévention des maladies auto-immunes

Réduction de 80% du risque de développer une diabète de type I chez les enfants supplémentés dès la naissance par la vitamine D.

Diminution du risque de développer une sclérose en plaques chez les sujets ayant les taux (quintile) les plus élevés de vitamine D. Diminution de la fréquence et de l’intensité des poussées. « Il parait avisé de supplémenter dès maintenant en vitamine D les patients SEP chez qui une insuffisance en vitamine D est mise en évidence de façon à monter leur taux sanguin de 25-OH-D un peu au dessus du seuil de 100 nmol/l. »

• Ces bienfaits sur l’immunité seraient en grande parie lié aux bienfaits de la Vitamine D sur le microbiote. (Fakoury 2020 ; Tangestani 2021)

Prévention du risque de cancer : par différents mécanismes associés.(5)

« Concernant le cancer du colon, la majorité des études trouvent un rôle « protecteur » . Une méta-analyse conclut que les sujets qui ont un taux de vitamine D ≥ à 33 ng/ml (83nmol/l)ont un risque divisé par deux de développer un cancer par rapport aux sujets ayant un taux ≤à 12 ng/ml (30nmol/l) ».

Des études récentes (non incluses dans le rapport de l’Académie de médecine) indiquent un probable rôle protecteur dans d’autres cancers (prostate, endomètre, ovaires, sein) et un rôle pour ralentir la progression des cancers.

Prévention du risque cardio-vasculaire :

« Des corrélations négatives entre les taux plasmatiques de 25hydroxy-vitamine D, les risques d’hypertension, d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral ont été mises en évidence. »

La vitamine D préviendrait également le syndrome métabolique et le diabète de type II.

Renforcement musculaire :

Le muscle est sensible à la vitamine D qui agit sur des récepteurs spécifiques. On augmente ainsi, la force musculaire des sujets âgés, tout en diminuant le risque de chute.

La myopathie induite par les statines pourrait être favorisée par un déficit en vitamine D.

Psychiatrie :

Les patients souffrant de dépression, schizophrénie, dépendance à l’alcool ont souvent des taux sanguin de vitamine D plus bas que la population générale. Ceci est probablement en partie secondaire à une mauvaise nutrition et le peu d’exposition au soleil de ces patients. Mais étant donné l’importance de la vitamine D pour la santé, ceci est une première raison pour être attentif à la vitamine D chez ces patients.

Des données, non incluses dans le rapport de 2012 de l’Académie de Médecine vont dans le sens d’un possible lien causal entre manque de vitamine D et dépression :

La vitamine D a un rôle anti-inflammatoire et 60% des dépressions sont des maladies inflammatoires.

Par ailleurs, il existe des récepteurs à la vitamine D dans les structures cérébrales impliquées dans la dépression, ainsi que l’enzyme capable de produire la vitamine D active.

Enfin, un lien est en train d’être prouvé entre manque de vitamine D et troubles cognitifs (6). La vitamine D a un rôle neuroprotecteur (vasculoprotecteur et augmente la clairance de la substance amyloïde béta (un des responsables de la maladie d’Alzheimer)). Le manque de vitamine D est un facteur de risque de maladie d’Alzheimer.

 

APPORTS RECOMMANDÉS PAR JOUR (Académie de Médecine 7) :

Adultes hommes et femmes :

19-50 ans : 800 UI /j (20mcg7)

51-70 ans : 1000 – 1500 UI/j (25 à 37,5mcg)

>70 ans : >1500 (>37,5mcg)

Adolescent(e)s : 800 à 1000

Femmes enceintes : 800-1000 UI deux premiers trimestres ; 1000 UI troisième trimestre. « Un apport de 600 UI par jour ne prévient pas totalement la déficience en vitamine D de la femme enceinte ». « Un apport de 1000 UI/j au cours du dernier trimestre de la grossesse est recommandé afin de maintenir un statut vitaminique maternel adéquat et de promouvoir un statut fœtal suffisant. » p.7

Niveau supérieur sans danger : 4000 UI/j

Surdosage : Une surdose en vitamine D expose à une augmentation du taux de calcium et de phosphore dans le sang qui se manifeste notamment par des anorexies, nausées et vomissements, diarrhées ou constipation, augmentation du volume urinaire y compris la nuit, sueurs, maux de tête, soif, somnolence, sensations vertigineuses. Les conséquences de l’augmentation du taux de calcium dans le sang sont notamment des calculs rénaux, des insuffisances rénales (8) et diverses calcifications.

Dosage sanguin : Le dosage sanguin de la vitamine D n’est remboursé par l’assurance Maladie que dans 6 situations précises (diagnostic de rachitisme, diagnostic d’ostéomalacie, suivi de transplantation rénale, avant et après chirurgie bariatrique, suivi de personnes âgées faisant des chutes, lors de la prescription de certains médicaments). Le dosage sanguin pour adapter une supplémentation en dehors de ces indications n’est pas remboursé. Il est possible de mettre en place une supplémentation sans dosage sanguin (en se basant sur l’âge du patient, son alimentation et ses conditions d’exposition au soleil). Cependant, il peut malgré tout être utile de quantifier la carence supposée du patient par au moins un dosage qui servira de base pour la supplémentation habituelle les années suivantes. Dans ce cas, le patient doit régler le coût de ce dosage (et de la prise de sang si elle n’est effectuée que pour ce dosage).

1 On entend par vitamine D l’ Ergocalciférol (vitamine D2) d’origine végétale et le Cholecalciférol (vitamine D3) d’origine animale (ou extraite du lichen boréal, ou synthétisée à partir de lanoline (cire de laine) exposée aux UVB). Le Cholécalciférol est également synthétisé par action des UVB sur 7 Déhydrocholestérol des couches basales de l’épiderme. Vitamine D2 et D3 doivent être hydroxylées par le foie (en position 25), pour donner la 25OHD ou « calcifédiol », puis par le rein (en position 1) pour donner la 1,25 OH 2 D, ou « calcitriol », vitamine D active. La vitamine D2 se fixe moins bien sur le système de transport, est détruite plus rapidement et est moins facilement hydroxylée par le foie, étape nécessaire à son activation. Le Cholécalciférol représente 65% de la vitamine D totale de l’organisme et est stockée dans le tissus adipeux. Le calcifédiol (25OH D) représente 35% de la vitamine D totale est est stockée dans le tissus adipeux, dans les muscles, dans d’autres organes et une partie circule dans le sérum. Le dosage sanguin en laboratoire dose la 25OH D circulante, qui reflète le statut du sujet en vitamine D. ZYMAD et UVEDOSE sont du cholécalciférol. DÉDROGYL est du calcifédiol (25OH D). ROCALTROL est du calcitriol (1,25OH D).

2 Prescrire avril 2019

3 Augmentation du taux sanguin de la ParaTHormone (PTH) dont le rôle est d’augmenter les taux sanguin de calcium ; notamment en déminéralisant les os…)

4 Rapport 2012 Académie de Médecine, Statut Vitaminique, rôle extra-osseux et besoins quotidiens en vitamine D, 2012

5 « Des modèles expérimentaux tendent à démontrer que le calcitriol facilite la différenciation cellulaire et exerce des activités anti-inflammatoires, anti-angiogéniques, pro-apoptotiques et anti-proliférantes (127) Sur cultures cellulaires , le calcitriol participe à l’expression des récepteurs des androgènes et de l’oestradiol , module l’action de facteurs de croissance via une action sur les protéines de transport (IGFBP-3) et interfère avec l’action de kinases impliquées dans la carcinogenèse. »

6 « The risk of cognitive impairment was up to four times greaterin the severely deficient elders (25(OH)D < 25 nmol/L) in comparison with individuals with adequate levels (≥ 75 nmol/L). » Soni M1, Kos K, Lang IA, Jones K, Melzer D, Llewellyn DJ.Vitamin D and cognitive function. Scand J Clin Lab Invest Suppl. 2012;243:79-82.

7  Ces doses sont supérieures à celles recommandées par l’Anses (qui considère « que la production endogène cutanée couvre 50 à 70% des besoins quotidiens en cette vitamine. Les Apports Nutritionnels Conseillés sont donc de 5 µg/j chez les adultes et les enfants de plus de 3 ans et 10-15 µg/j chez la personne âgée. ») mais plus en accord avec les recommandations dans d’autres pays et celles d’experts internationaux.
7100 UI = 2,5mcg ; de UI à mcg : diviser par 40

Prescrire, avril 2019