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Trouble bipolaire

Les Troubles Bipolaires se caractérisent par l’alternance de dépressions et d’épisodes maniaques ou hypomaniaques. C’est donc l’existence de manie ou d’hypomanie qui constitue le trouble bipolaire (Critères DSM 5 de bipolarité)

 

Manie et hypomanie se caractérisent par la conjonction de symptômes d’hyper-fonctionnement des émotions, de la pensée et du corps.

 

Émotions :

Humeur expansive

Labilité émotionnelle

Hyper-réactivité émotionnelle à des événements minimes

Augmentation de l’estime de soi

Mais aussi : irritabilité, tension interne, colère

Pensée :

Accélération de la pensée

Fuite des idées

Distractibilité

Corps :

Augmentation de l’énergie

Agitation motrice

Hyperactivité souvent stérile (le(la) patient(e) ne va pas jusuq’au bout de ce qu’il entreprend)

Diminution du temps de sommeil sans fatigue

Anorexie fréquente

Augmentation de la libido, hypersexualité

 

La manie comporte des symptômes plus intense, jusqu’à la perte de contact avec soi-même et la réalité (idées délirantes, comportements aberrants). Inversement, l’hypomanie ne présente pas ces éléments psychotiques.

Selon le DSM 5, les symptômes doivent durer au moins 7 jours pour parler de manie et 4 jours pour parler d’hypomanie.

À côté de l’existence de manie ou d’hypomanie, d’autres éléments sont en faveur d’un Trouble Bipolaire (Éléments en faveur d’un Trouble Bipolaire). Il convient de les rechercher systématiquement.

Il existe, schématiquement, quatre types de Troubles Bipolaires :

Le Trouble Bipolaire de type I se caractérise par des épisodes de manie. Il concerne 1 % de la population.

• Le Trouble Bipolaire de type II se caractérise par des épisodes d’hypomanie. Il concerne 1 à 2 % de la population et est plus fréquent chez les femmes.

• La Cyclothymie (Trouble Bipolaire II et 1/2) se caractérise par des alternance rapide de dépression et d’hypomanie, avec des intervalles libres inexistants ou inférieurs à une semaine. Elle se caractérise également par des états mixtes (par exemple dépression avec pensée rapide) et des hypomanies essentiellement marquées par la pensée rapide et des affects comme la colère et l’irritabilité. Sa fréquence est estimée à 30 % à 50 % des dépressions majeures consultant en psychiatrie.

• Le Trouble Bipolaire de type III se caractérise par des épisodes hypomaniaques provoqués par des médicaments, notamment par des antidépresseurs.

Il est capital, en pratique, de raisonner en terme de « spectre bipolaire » et d’avoir à l’esprit la notion de « Dépression à potentialité bipolaire ». Il s’agit de dépressions récurrentes, sans causes proportionnées, associées à certaines caractéristiques évoquant le Trouble Bipolaire et qui risquent d’évoluer vers d’authentiques Troubles Bipolaires, surtout si on les soigne avec des antidépresseurs.

Les Troubles Bipolaires conduisent fréquemment au suicide : 6 à 7% des patient(e)s bipolaires décèdent de suicide (Canmat and ISB 2018 guidelines for the management of patients with bipolar disorders) ; 43 % des patients atteints de TB disent avoir des idées suicidaires, 21 % ont un scénario suicidaire en tête et 16 % ont fait une tentative (Merikangas et al. Arch Gen Psychiatry 2011;68:241-51). Il est capital d’évaluer régulièrement le risque suicidaire. Il est important de dire aux patients (et de se le redire quand on est soi-même patient) que le Trouble Bipolaire produit des idées suicidaires :  une idée suicidaire est donc un symptôme de la maladie et non le signe que l’on veut mourir. Il faut consulter son médecin ou se rendre à l’hôpital en cas d’idée suicidaire. 

 

Les Troubles Bipolaires sont souvent associés à d’autres troubles psychiatriques : troubles addictifs (50 % des patients ont, sur leur vie entière, un épisode de consommation excessive d’alcool) ; troubles anxieux (trouble panique, Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC), dysmorphophobie, …) ; Troubles des Conduites Alimentaires (surtout boulimie) (TCA) ; Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA/H). Il est important d’évaluer les éventuels troubles associés. De même, il faut systématiquement rechercher un Trouble Bipolaire potentiellement caché derrière des troubles addictifs, des troubles anxieux, des TOC, un TCA, un TDAH mais aussi des troubles de la personnalité, bref devant tout trouble psychiatrique. 

 

Les Troubles Bipolaires  sont également souvent associés à des troubles somatiques : pathologies cardio-vasculaires, syndrome métabolique, diabète. Un examen complet de la santé physique est nécessaire régulièrement avec un bilan sanguin.

 

Les Troubles Bipolaires sont souvent sous-diagnostiqués et/ou traités insuffisamment.

Il s’agit, pourtant, de pathologies…

… fréquentes :

• Les Troubles Bipolaires concernent 2,5 à 4 % de la population générale selon les estimations. 65 % des épisodes dépressifs majeurs vus en consultation psychiatrique appartiendraient en réalité au Spectre bipolaire (Akiskal 2006).

Les Troubles bipolaires, encore appelés Troubles de l’Humeur, incluent la Cyclothymie, encore plus sous-diagnostiquée que les autres Troubles Bipolaires. Chaque fois, dans ce site, quand nous parlerons de « Troubles Bipolaires », nous inclurons la Cyclothymie.

• Selon une enquête réalisée en 2005 par l’Inpes, 7,8 % des Français de 15 à 75 ans (soit près de 3 millions de personnes) ont vécu une dépression au cours des douze mois précédant l’enquête ; 19 % des Français de 15 à 75 ans (soit près de 8 millions de personnes) ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur vie (INPES Dépression). Selon l’OMS, 300 millions de personnes dans le monde sont concernées par la dépression (ici).

… graves :

• La souffrance générée par les Troubles Bipolaires est intense. Le risque suicidaire est multiplié par 15. De plus, les Troubles Bipolaires s’accompagnent souvent d’autres troubles : Trouble panique avec ou sans Agoraphobie ; Phobies ; Troubles Anxieux Généralisé ; Troubles Obsessionnels Compulsifs ; Troubles des Conduites Alimentaires ; Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité ; Troubles instrumentaux (dyslexie, …).

• Les Troubles Bipolaires et Dépressions sont également cause de grandes souffrances pour l’entourage des malades.

• Les Troubles bipolaires et les Dépressions abiment le cerveau. Ils sont  « neurotoxiques » : non seulement, ces affections font souffrir le psychisme mais elles font aussi souffrir l’organe-cerveau (avec des lésions visibles en imagerie cérébrale). Chaque épisode de dépression ou d’hypomanie ou de manie ou d’anxiété abime le cerveau : il devient plus fragile, plus susceptible de rechuter dans la dépression ou l'(hypo)-manie pour des stimuli plus faibles ; ses capacité de mémorisation, sa résistance au stress, son aptitude au sommeil s’affaiblissent. Dès que le psychisme souffre, le cerveau s’abîme. Et ce, d’autant plus que  la maladie est traitée tardivement, plus elle devient difficile à traiter (voir Retard du Diagnostic).

• Les troubles Bipolaires et les dépressions abiment la santé physique, à cause notamment du stress qu’ils représentent, de l’inflammation, des prises de risques (accidents, grossesses non désirées, maladies sexuellement transmissibles), des consommations excessives d’alcool et de stupéfiants, du tabagisme. Les Troubles Bipolaires et les dépressions, sont, de plus, associés à un sur-risque cardio-vasculaire.  L’espérance de vie des patients bipolaires (mal soignés ou soignés tardivement) est diminuée de 8 à 12 ans. Selon l’OMS, ils constituent, avec les dépressions, la première cause de morbidité (source d’autres maladies) et d’incapacité dans le monde (id).

• Les Troubles bipolaires et les Dépressions entraînent des risques familiaux (ruptures), professionnels (licenciement, faillite),  sociaux (isolement) , financiers (endettement), judiciaires (condamnation pour usage de stupéfiants, conduites à risques dans l’espace public,…).

 

… et souvent diagnostiquées avec retard et imprécision.

Ce retard laisse se développer toutes les conséquences délétères ci-dessus énumérées. Le retard de diagnostic aggrave en lui-même le pronostic et donne souvent lieu à des erreurs, notamment la prescription abusive d’antidépresseurs qui aggravent à son tour la maladie.

• Les antidépresseurs ne sont pas le traitement des syndromes dépressifs (« déprimes »). Ils sont inefficaces dans ces situations, sauf pour soigner la composante anxieuse éventuellement associée. Ils peuvent être dangereux en augmentant les envies suicidaires, surtout chez les moins de 25 ans. Les dépressions modérées doivent être soignées par les MESURES DE NEUROPROTECTION et par la psychothérapie.

• Les antidépresseurs aggravent les troubles bipolaires (augmentation de la cyclicité, augmentation de la suicidalité). S’ils sont utilisés, ils doivent l’être en association avec un régulateur de l’humeur.

• Les antidépresseurs sont à réserver aux Dépressions caractérisées, mais en dehors de la bipolarité.

  Les Troubles Bipolaires doivent donc être diagnostiqués précocement et précisément.