Burn-out
Définition
État secondaire à une surcharge chronique de travail, caractérisé par trois dimensions, apparaissant souvent successivement : épuisement physique et psychologique, désinvestissement affectif (« dépersonnalisation » selon Christina Malsach), dévalorisation (perte de l’estime de soi, sentiment de non accomplissement)(1). L’intensité de ces trois dimensions peut être évaluée par l’échelle Malsach Burn Out Inventory (Test de Malsach Burn Out ; il faut coter l’intensité de 0 à 6 entre ‘jamais’ et ‘chaque jour’). Au-delà de ces trois dimensions, le Burn Out évolue vers une dépression caractérisée.
Le Burn Out se traduit par des symptômes physiques (fatigue chronique, troubles du sommeil, troubles digestifs, douleurs diffuses chroniques), psychiques (détachement émotionnel, fatigue relationnelle, hypersensibilité, pessimisme, tristesse, désespoir, colère, sentiment d’injustice,…) et comportementaux (baisse de l’efficacité, repli sur soi, irritabilité, agressivité, impulsivité, consommation de toxiques (alcool, drogues,…).
Le Burn-Out peut être associé à un Syndrome de Stress Post-Traumatique lorsque la personne a été exposée à des violences relationnelles. Ce syndrome doit être recherché systématiquement (par l’échelle PCL5) et traité (par l’EMDR ou autre technique). Par ailleurs, le Burn Out est plus fréquent chez les personnes cyclothymiques. Ce trouble doit être également recherché.
Traitement
1) Traitement du Burn-Out lui-même
• Arrêt de travail le plus souvent nécessaire et souvent long ; comprendre qu’il faut s’inscrire dans un long processus de convalescence ; ne pas vouloir aller vite (la durée moyenne de récupération est d’au moins un an ; l’évolution est souvent marquée par d’apparentes rechutes : elle se fait en dents de scie mais avec une pente ascendante…). Il est souhaitable de prendre contact rapidement avec le médecin du travail pour qu’il soit en mesure d’intervenir auprès de l’employeur si nécessaire et d’anticiper un éventuel aménagement de poste. Le médecin du travail est « du côté » du travailleur et est une aide importante.
• Dormir le plus possible, au minimum 8-9h00 par nuit : cf. fiche ; si besoin prendre des médicaments pour dormir.
• Se reposer en journée ; dans un premier temps, il est bon de se reposer, voire de dormir, chaque fois que l’on en sent le besoin. Ne pas dépenser l’énergie qui revient à mesure qu’elle se reconstitue, car il faut « refaire ses réserves d’énergie » :avoir quelquesactivités programmées mais peu nombreuses ; éviter les rencontres conflictuelles et les situations stressantes ainsi que les situations riches émotionnellement (même positives). Faire moins de sorties que ce qui paraît possible (pour garder de l’énergie en réserve)
• Manger correctement ; soigner le petit-déjeuner si l’on a faim le matin
• Traiter les troubles digestifs le cas échéant (le burn-out (comme le vieillissement) diminue les sécrétions digestives (HCL de l’estomac, sécrétions pancréatiques, bile,…) et déséquilibre la flore intestinale, ce qui entraîne des troubles digestifs et affaiblit tout l’organisme)
• Exercice physique doux (marche 30mn par jour) ; éviter les exercices physiques importants
• Dès que possible : pratiquer la Cohérence Cardiaque
• Prendre :
– Des protéines (viande, poisson, œufs, pois chiches, pois cassé, lentilles,…) de 0,8 à 1g par kilo de poids corporel
– Magnésium : pour avoir 200mg de Magnésium élément par jour, pendant deux mois, puis 100mg par jour
– Omégas 3 : pour avoir environ 1g d’EPA (un des deux principes actifs des omégas 3) par jour ; les prendre le soir peut favoriser le sommeil
– Complexe vitaminé (en faisant attention à l’éventuelle surcharge en fer et en iode pour certains d’entre eux)
– L’Ashwagandha, plante qui permet à la fois de réguler le sommeil et de redonner de l’énergie peut être intéressante ; prendre 600 à 800 mg en fin d’après-midi. (contre-indiqué en cas de grossesse, allaitement, hyperthyroïdie, surcharge en fer).
– Après un à deux mois de repos et lorsque les troubles du sommeil sont réglés, si l’asthénie est encore gênante : L-Tyrosine 500mg le matin à jeun (+ si besoin 500mg en plus dans la matinée)
– S’il y a un syndrome dépressif caractérisé associé au Burn Out : prendre des antidépresseurs (en dehors de cette situation, ou d’une anxiété incontrôlable par les moyens ci-dessus, les antidépresseurs sont inefficaces voire délétères dans le Burn Out)
2) Dans un deuxième temps : Traiter ce qui a conduit au Burn Out
Facteurs médicaux généraux :
Corriger les erreurs concernant l’hygiène de vie ; pratiquer la cohérence cardiaque ou une autre technique anti-stress
Facteurs psychiatriques :
Vérifier avec le psychiatre qu’il n’y a pas un trouble sous-jacent susceptible de favoriser le Burn Out :
- Dépression compensée par une hyperactivité
- Trouble bipolaire
- Tempérament Hyperthymique
- TDA/H
- Traits autistes Asperger, même a minima
- Trouble des fonctions exécutives. Les fonctions exécutives permettent de bien exécuter les tâches quotidiennes et professionnelles. Elles sont composées essentiellement de la mémoire, notamment de la mémoire de travail, et de ce qui permet une bonne mémoire : attention (visuo-spatiale et auditive ; capacité de coordonner ces deux modes d’attention) à la fois fixe sur un objet mais aussi capable de souplesse (flexibilité) ; inhibition (capacité à inhiber les stimuli parasites internes et externes). Tout ceci permet la planification efficace. Chacun de nous présente des petits « bugs » dans les fonctions exécutives et, surtout, nous sommes sous-entrainés. On peut être très performant dans son domaine, même après des longues études (infirmier, ingénieur, technicien, médecin, architecte…) et avoir des failles dans les fonctions exécutives. lorsque l’entourage nous le signale, le réflexe naturel est de nier, puisque tout semble bien aller dans l’exercice de notre profession. Cependant, ces failles dans l’attention, dans l’inhibition des parasites ou de la précipitation, dans la mémoire de travail, même minimes sont sources d’erreurs, d’inefficacité et de fatigue. Elles sont également source de malentendus, voire de rejet par l’agacement provoqué sur l’entourage. On peut y remédier en s’entraînant, notamment grâce au remarquable site Happyneuron développé par le service de la mémoire de l’hôpital neurologique à Lyon. Si besoin, il faut réaliser un bilan neuro-cognitif auprès d’un psychologue spécialisé.
- Troubles « dys » persistant ou non diagnostiqués. La dyslexie est habituellement repérée et traitée dans l’enfance, cependant, peut persister une gène qui rend le travail plus coûteux. Il en est de même de la dysorthographie et de la dyscalculie. La dyspraxie, quand elle est minime, peut passer inaperçu dans l’enfance et constituer, malgré tout à l’âge adulte une certaine perte d’efficacité et une certaine fatigabilité (en plus de pouvoir exaspérer l’entourage).
Facteurs psychologiques :
Le Burn-Out est favorisé notamment par le perfectionnisme, la tendance à se culpabiliser, à accorder peu de crédit à ses qualités et compétences, par la difficultés à savoir où sont ses limites, par la difficulté à connaître ses besoins et ses désirs ainsi que par la difficulté à dire « non ». Par ailleurs, le Burn-Out est une crise existentielle profonde qui entraîne une maturation et des réaménagements internes. Il est hautement souhaitable de rencontrer un(e) psychologue pour au moins quelques séances afin d’être soutenu et de transformer le Burn Out en occasion de surmonter ces différents aspects.
Le livre « Les mots sont des Fenêtres » de S.Rosenberg (éditons La Découverte) peut également aider.
Facteurs liés à la manière de travailler :
Soigner son attitude au poste de travail :
Veiller à se tenir droit, à bien inspirer et expirer ; Faire régulièrement des respirations calmes et profondes, voire quelques instants de « Cohérence Cardiaque »
Faire des étirements toutes les deux heures
« Concernant le travail sur écran les principales dispositions réglementaires (articles R. 4542-1 à R. 4542-19 du code du travail et norme ISO 9241) sont de choisir un écran mat, un affichage sur fond clair, de disposer l’écran perpendiculaire aux fenêtres, le haut du moniteur à hauteur des yeux (excepté pour les porteurs de verres progressifs), le bord du clavier à 10-15 cm du bord du plan de travail, l’alternance entre appui et non appui des poignets sur le plan de travail pour la frappe au clavier, la souris proche du salarié et une pause active toutes les heures si le travail est intensif ». (site de l’INRS)
Consulter un ophtalmologiste (la fatigue oculaire vient d’une correction optique inadaptée), penser à cligner des yeux (les picotements sont le signe d’une sécheresse oculaire)
Ne pas se laisser envahir par le travail :
Ne pas rapporter de travail à la maison ; ne pas faire de « présentisme » ; ne pas consulter ses mails trop fréquemment (y consacrer des plages de temps pré-établies), utiliser les réponses automatiques ; faire des pauses dans le suivi des messages des réseaux sociaux (suspendre temporairement son profil) ; ne pas être abonné à trop d’info-lettres ; avoir des moments « déconnectés » chaque jour ; installer des temps de repos et de loisirs, à l’échelle de la journée, de la semaine, du mois, de l’année
Savoir hiérarchiser les tâches à accomplir ; Apprendre à déléguer
Revoir l’équilibre familial ; si besoin se faire aider par un(e) spécialiste en guidance parentale
On le voit, la survenue d’un Burn Out devrait être l’occasion de faire un bilan multi-dimensionnel, explorant toutes les dimensions ci-dessus, afin de mieux se connaître pour prévenir des rechutes et mieux vivre.
Facteurs organisationnels liés à l’entreprise :
Dans un premier temps : reprendre à temps partiel, diminuer le plus possible les déplacements et le contact avec le public
Améliorer l’ergonomie : revoir le siège, l’éclairage, l’ambiance sonore (éventuellement utiliser des bouchons d’oreilles) ; mieux se protéger des nuisances (poussières, toxiques,…),…
Obtenir idéalement les conditions de prévention du Burn Out : travail qui a du sens pour soi-même et l’entreprise ; travail correspondant aux compétences et désirs du sujet ; réel contrôle sur son travail ; pas de surcharge de travail ; rémunération à la hauteur du travail ; place clairement définie dans l’organigramme ; esprit d’équipe ; climat de justice et de respect.
3) Accepter les éventuelles séquelles et s’y adapter
Le Burn-Out peut laisser des séquelles, d’autant plus s’il a été sévère ou prolongé ou si la convalescence a été mal suivie.
Ces séquelles sont : la fatigabilité notamment relationnelle (imposant de voir moins de personnes, d’avoir des temps seuls), la sur-réactivité aux stress (même minimes et positifs) suivie de fatigue intense, la fragilité émotionnelle (anxiété et mouvements dépressifs survenant facilement) et la fragilité du sommeil. Il est important de repérer ces séquelles afin de les accepter (et non lutter contre, se révolter, se culpabiliser,…), d’apprendre à vivre avec et d’aménager le travail en conséquence.
Mal soigné, le Burn out peut évoluer vers la dépression et d’autres pathologies (voir fiche « Stress chonique pathologies »).
1 Ouvrage de référence : Christina Maslach et Michael P.Leiter, Burn Out, édition 2016, Paris, Les Arènes