Alcool

Le Foie, organe chargé de détoxifier les aliments, ne sait pas détoxifier l’alcool correctement. Il le transforme (par déshydrogénation) en Acétaldéhyde qui est une molécule toxique pour les cellules et est responsable de toutes les manifestations d’ivresse. Chaque molécule d’alcool pose problème à l’organisme.

L’alcool est, en soi, toxique.

Les repères de consommation à moindre risque, établis par Santé Publique France et l’Institut National du Cancer sont les suivants (1), 2)) :

  • Maximum 2 verres par jours
  • Maximum 10 verres par semaine, avec au moins 2 jours dans la semaine sans consommation.

(1 verres = 1 verre standard de vin = 10 g d’alcool = 25 cl de bière à 5°, 7cl d’apéritif à 18°, 2,5 cl de pastis …)

MAIS : on sait avec certitude absolue qu’il n’y a pas de dose d’alcool sûre pour le cerveau. La moindre consommation est associée à une diminution de la matière grise et de la matière blanche, une altération des connexions entre les neurones. Voir, notamment cette étude de mai 2021

Auto-évaluation de sa consommation d’alcool : questionnaire AUDIT (réalisé par l’OMS) en ligne (https://www.alcoolassistance.net/files/AUDIT.pdf)

 

Voir ici les vidéos réalisées par Santé Publique France : http://www.alcool-info-service.fr/Alcool/Home-Professionnels/Alcool-Sante/Pour-en-savoir-plus/Boite-a-outils#.XKXeny_pOu4

Complications aigües 

Coma éthylique ; Acido-cétose

Hypoglycémie sévère et retardée

Syndrome de sevrage pouvant être grave (crises d’épilepsie, hallucination, DT)

Violence

Accidents de la route : le risque d’être responsable d’un accident mortel apparaît à partir d’une alcoolémie de 0,2g/l ; entre 0,2 et 0,5g/l ce risque est déjà multiplié par 2,7 (le seuil légal devrait être de 0,2g/l et non de 0,5g/l). Autour de 1200 morts par an.

 

Complications chroniques :

Système nerveux central :

– L’alcool rend dépressif et entretient la dépression

– Anxiété, insomnie, irritabilité, troubles relationnels

– Troubles cognitifs : 50% des consommateurs alcoolo-dépendants présentent des troubles de la mémoire et une atteinte des capacités d’abstraction et d’élaboration
Une consommation excessive d’alcool (> 6verres/j pour les H et 4 pour les F) multiplie par trois le risque de développer une démence précoce et double celui d’être touché par la maladie d’Alzheimer
Encéphalopathie de Gayet-Wernicke (confusion, tr. de l’équilibre, tr.oculaires), éventuellement compliquée de syndrome de Korsakoff (perte de la mémoire immédiate) irréversible en l’absence de traitement (vitamine B1 en intra-veineux)

Système nerveux périphérique : polyneuropathie

Foie : Stéatose ; Hépatite ; Cirrhose, compliquée de cancer du foie

Pancréas : pancréatite chronique (poussées de pancréatite aigüe, puis pseudo-kystes (avec risque d’érosion artérielle et d’hémorragie), sténose de la voie biliaire principale, calcification du pancréas, diabète)

Cancers, surtout des voies aéro-digestives supérieures : bouche, pharynx, larynx; + foie

Hypertension artérielle : au-delà de 2 verres standards par jour, la pression artérielle s’élève chez l’homme comme chez la femme ; Troubles cardio-vasculaires

Ostéoporose

 

Diminution de l’absorption des vitamines B1, B3, B6, B9, B12 ; du Zinc, …

Augmentation de la toxicité de nombreux médicaments

Diminue l’efficacité et augmente la toxicité du PARACÉTAMOL

 

Grossesse

La concentration d’alcool dans le sang du fœtus est la même que celle du sang maternel.

La consommation maternelle de 2 verres standards d’alcool par jour augmente le risque de troubles cognitifs et comportementaux chez l’enfant.

Une forte consommation maternelle d’alcool expose l’enfant à des malformations (surtout faciales) et à un retard mental (6000 naissances par an en France).

Des alcoolisations aigües sont nocives pour le développement cérébral de l’enfant, surtout autour de 2 et 4 mois de grossesse.

Il est préférable de ne pas boire pendant la grossesse ou, au minimum, de boire irrégulièrement sans dépasser 4 verres standards par semaine ou 2 verres standard en une occasion.

 

Coût de l’alcool

2 millions d’alcoolo-dépendants en France

1/3 des hospitalisations

3ème cause de décès après les accidents cardio-vasculaires et les cancers : l’alcool tue 49000 personnes par an en France

L’alcool coûte 7,5Mds€ par an à la Caisse Nationale d’Assurance maladie (coût cumulé des cancers, troubles Cardio-Vasculaires et HTA liés à l’alcool).

 

Traitement

Le traitement est multi-dimensionnel : psychologique, social, familial. La participation à des associations d’entraide est quasiment indispensable.

Il est essentiel de réaliser un diagnostic psychiatrique précis car certaines pathologies conduisent à l’alcoolisme (dépression, troubles bipolaires, schizophrénie notamment). Lorsque l’on diagnostique un Trouble Bipolaire chez un patient dépendant à l’alcool, il faut soigner d’abord le Trouble Bipolaire dans la mesure du possible sans quoi le traitement de la dépendance à l’alcool ne peut réussir. 

Quelques médicaments peuvent aider à maintenir l’abstinence :

  • L’ACAMPROSATE (Aotal), analogue du GABA (Acide Gamma-Amino-Butirique) et de la taurine
  • La NALTREXONE (Revia), antagoniste des récepteurs opioïdes

Ces deux médicaments sont les médicaments de premier choix mais leur efficacité est modeste. La proportion de patients abstinents après un an a été estimé entre 18 et 45% pour l’ACRAMPROSATE versus 5 à 25% sous placebo (source Prescrire).

Ces médicaments exposent principalement à des trubles neuro-psychiques, notamment des dépressions. ils exposent également à des troubles digestifs et à des réactions allergiques. L’ACAMPROSATE expose aussi à des troubles cutanés et augmente peut-être le risque de décompensation de cirrhose. La NALTREXONE expose à des troubles urinaires et sexuels et à des atteintes musculaires.

  • Le NALMÉFÈNE (Sélincro), un autre antagoniste des récepteurs opioïdes est d’efficacité mineure sur la consommation d’alcool, en moyenne la réduction a été de 5 à 11g par jour pour une consommation de 88 g (source Prescrre).
  • Le DISULFIRAM (Espéral) est un inhibiteur de nombreuses enzymes dont l’enzyme dégradant l’acétaldéhyde, molécule issue du métabolisme hépatique de l’alcool. Il provoque des réactions désagréables en cas de prise d’alcool. Les symptômes désagréables (bouffées congestives du visage, érythème, nausées et vomissements, sensation de malaise, tachycardie, hypotension) se produisent 10 minutes après l’ingestion d’alcool et durent de ½ heure à plusieurs heures. Des réactions avec l’alcool peuvent survenir jusqu’à 2 semaines après l’arrêt du disulfirame. Des cas de troubles du rythme cardiaque et d’infarctus du myocarde ont été rapportés.

Dans de rares cas, le DISULFIRAM donne des atteintes hépatiques. Devant des signes évocateurs (asthénie, anorexie, nausées, vomissements, douleurs abdominales ou ictère, démangeaisons généralisées), un examen clinique et un contrôle biologique des fonctions hépatiques doivent être entrepris immédiatement. Il est nécessaire de pratiquer un contrôle biologique des fonctions hépatiques, comportant un dosage des transaminases, avant le début du traitement par le disulfirame, puis régulièrement, au moins 1 fois par mois, en particulier pendant les 3 premiers mois de traitement. L’élévation des transaminases à trois fois la limite normale supérieure impose l’arrêt sans délai et définitif du traitement. Les patients devront alors être suivis étroitement jusqu’à la normalisation du bilan hépatique.

Dans de rares cas, également, le DISULFIRAM peut donner des états confusionnels et des hallucinations. Il faut alors ne pas en reprendre et consulter un médecin.

La prise concomitante du DISULFIRAM est déconseillée avec l’alcool et les médicaments contenant de l’alcool ; l’isoniazide ; le métronidazole ; la phénytoïne ; la fosphénytoïne.

Malgré les risques et les précautions d’emploi nécessaires, ce médicament peut être intéressant pour les patients motivés et soutenus par leur entourage. Il faut prendre un comprimé le matin, dans un demi-verre d’eau, après 24h00 d’abstinence alcoolique (y compris de médicaments contenant de l’alcool). Cela peut être aménagé en un rituel psychothérapeutique où le patient, éventuellement aidé de ses proches, renouvelle son désir d’arrêter l’alcool.

  • Le BACLOFÈNE a une place à part : voir ici.

Tous ces médicaments sont déconseillés en cas de grossesse.

 

Pour plus d’informations :

https://www.alcool-info-service.fr

https://www.baclofene.org

 

Sources :

1) Bolandi C, Hill C, La mortalité attribuable à l’alcool en France en 2015. Bull Épidémiol Hebdo. 2019 ; (5-6): 97-108

2) https://www.santepubliquefrance.fr/Actualites/Avis-d-experts-relatif-a-l-evolution-du-discours-public-en-matiere-de-consommation-d-alcool-en-France-organise-par-Sante-publique-France-et-l-Inca

3) Prescrire, novembre 2019, p. 805 à 809