Psychotropes et grossesse

Médicaments de l’anxiété et du sommeil :

– Les moyens non médicamenteux sont à privilégier.

– Les données sont rassurantes concernant le LAROXYL (Amitryptiline). En fin de grossesse, risque de détresse respiratoire, d’hyperexcitabilité, de troubles du tonus, de ralentissement du transit et/ou de sédation chez le nouveau-né.

– le DONORMYL (Doxylamine) était recommandé jusqu’à une date récente mais la sureté de ce médicament pendant la grossesse commence à être remise en question. Près de la naissance, il expose le nouveau-né à des effets sédatifs et anti-cholinergiques (perturbation de la succion, retard à l’évacuation du méconium, distension abdominale voire iléus, tremblements, agitation, syndrome de sevrage).

– Les BenZoDiazépines sont déconseillées pendant le premier trimestre de la grossesse (sur-risque de fente labio-palatine (bec de lièvre)). Lors de la prise de BZD près du terme, surtout à fortes doses, des hypotonies, des troubles de la succion, une somnolence, des troubles de la déglutition, des syndromes de sevrage ont été observés chez les nouveaux-nés.  À long terme, les BZD prises par la mère sur une longue durée pendant la grossesse exposent les enfants à des troubles du comportement. En pratique, si une BZD est vraiment nécessaire, la femme enceinte, selon les données actuelles, peut prendre le plus ponctuellement possible du SERESTA (Oxazépam) au deuxième trimestre et au début du troisième trimestre.

– La Mélatonine pourrait donner des effets tératogènes.

– Les plantes sont mal étudiées. Elles doivent être évitées au premier trimestre. Au-delà, on peut utiliser la VALÉRIANE mais en extraits aqueux ou hydro-alcooliques et de titre faible.

Antidépresseurs :

Amitryptiline (Laroxyl, Élavil). L’utilisation d’Amitriptyline est possible quel que soit le terme de la grossesse. Il faut surveiller le nouveau-né qui peut présenter des signes d’imprégnation à la naissance (hypotonie, respiration rapide, retard à l’élimination du méconium,…).

Inhibiteurs de la Recapture de la Sérotonine

    • Lorsqu’ils sont pris par la mère pendant le premier trimestre de la grossesse, ils augmentent le risque de malformations congénitales, en particulier cardio-vasculaires.
    • Ils augmentent également le risque d’hypertension pulmonaire, surtout s’ils sont pris en fin de grossesse.
    • Des données soulèvent la possibilité de troubles neuro-développementaux chez certains nouveaux-nés.
    • Les IRS peuvent augmenter la pression artérielle, ce qui entraîner un dysfonctionnement du placenta et favoriser la pré-éclampsie (Hypertension artérielle et protéines dans les urines chez la mère ; non traité ce syndrome peut entraîner de nombreuses complications qui peuvent conduire audaces de la mère ou de l’enfant)
    • Lorsque la mère a pris un IRS pendant le troisième trimestre, le nouveau-né peut présenter des signes d’imprégnation (détresse respiratoire, convulsions, difficultés d’alimentation, troubles du rythme cardiaque (par allongement de l’intervalle QT)…) et de sevrage.

Venlafaxine (Effexor)

La Venlafaxine doit être évitée pendant la grossesse (des études chez l’animal ont mis en évidence une toxicité sur le fœtus ; cette molécule entraine plus souvent une hypertension artérielle que les IRS).

Clomipramine (Anafranil)

Les données semblent exclure un risque malformatif.

Si la mère est traitée en fin de grossesse, le nouveau-né peut présenter des signes d’imprégnation ou de sevrage.

Pramipexole (Sifrol) :

Par manque de données, Pramipexole doit être évité pendant la grossesse.

Régulateurs de l’humeur :

Le Valproate (Dépakote, Dépamide, Dépakine) est totalement contre-indiqué en cas de grossesse.

Le Tégrétol favorise le risque d’anomalie de fermeture du tube neural (spin bifida), d’autant plus que la dose est élevée.

• Le Lithium est contre-indiqué pendant le premier trimestre (risque de malformations cardiaques).

Au deuxième et troisième trimestres, le Lithium peut être prescrit. Cependant, le taux sanguin de lithium du fœtus est le même que celui de la mère. Ceci peut causer un « hydramnios » (liquide amniotique trop abondant, du fait d’une augmentation de la production d’urine par le fœtus. Le fœtus peut présenter des troubles thyroïdiens, des troubles du rythme cardiaque, des hypotonies musculaires. Pour prévenir au mieux ces effets, il est nécessaire de maintenir la lithiémie maternelle en dessous de 0,67 mmol/l. Il est préférable de suspendre le traitement à l’approche de l’accouchement (au moins 4 jours avant, le fœtus éliminant le lithium plus lentement) pour éviter l’imprégnation du fœtus au moment de l’accouchement.

Après l’accouchement, il faut réajuster les doses de lithium en tenant compte du fait que la lithiémie maternelle a tendance à baisser, à posologie constante, tout au long de la grossesse, en raison d’une augmentation de l’élimination rénale. Le taux sanguin devient donc plus élevé après l’accouchement.

Le lithium passe dans le lait maternel.

(Dernières données sur Lithium et grossesse : Prescrire, janvier 2020)

• La Lamotrigine (Lamictal) :

La Lamotrigine est plus sûr que les autres anti-épileptiques. La LAMOTRIGINE peut être compatible avec la grossesse selon le CRAT. Les données actuelles ne montrent pas de troubles neuro-développementaux chez les enfants mais les données sont trop limitées pour permettre une conclusion définitive (voir le rapport de l’ansm d’avril 2019)).

Il est préférable de la prendre à la dose la plus réduite possible mais en se méfiant d’une possible diminution du taux sanguin de la LAMOTRIGINE pendant la grossesse.

La LAMOTRIGINE diminue légèrement le taux d’acide folique (Vitamine B9). Une supplémentation avant la grossesse et pendant la grossesse est nécessaire.

La LAMOTRIGINE passe dans le lait maternel, entraînant parfois des taux sanguins chez le nourrisson de 50% de ceux de la mère. l’allaitement doit être reconsidéré en fonction de cette donnée.

• Neuroleptiques

• Quétiapine (Xéroquel), Olanzapine (Zyprexa), Aripiprazole (Abilify): D’après le Le Centre de Référence sur les Agents Tératogènes ces molécules peuvent être utilisés pendant toute la durée de la grossesse mais à dose minimale efficace, en mono-thérapie et sous surveillance (notamment du poids et de la glycémie).

Les neuroleptiques exposent à des thromboses notamment du placenta et du cordon (Prescrire,  novembre 2023, p.827 s).

• Méthylphénidate

Il peut augmenter le risque de malformations cardiaques d’environ 3 cas pour 1000 grossesses.

« Des cas de toxicité cardiorespiratoire néonatale, notamment des tachycardies et des détresses respiratoires fœtales, ont été rapportés dans le cadre des notifications spontanées.

Les études chez l’animal ont mis en évidence une toxicité du méthylphénidate sur la reproduction à doses maternotoxiques. » (Résumé des Caractéristiques Pharmacologiques du produit)

Comme toutes les amphétamines, le Méthylphénidate diminue la perfusion placentaire ce qui expose à des retards de croissance intra-utérins, des infarctus placentaires, des hypertensions artérielles gravidique, voire à des morts fœtales (Prescrire, novembre 2023).

Il est donc préférable d’éviter leMéthylphénidate pendant la grossesse.

le Méthylphénidate passe dans le lait maternel. Il est donc préférable de l’éviter pendant l’allaitement.

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La règle, en cas de grossesse, est de ne donner qu’une seule molécule (monothérapie).

La grossesse est possible pour les femmes atteintes de maladie bipolaire, mais elle doit être programmée, afin de mettre en place un soutien psychologique, une surveillance adaptée et d’arrêter les traitements problématiques et de les remplacer, si nécessaire, par d’autres traitements.

Si une grossesse est découverte chez une femme traitée par un médicament susceptible de provoquer des malformations, il faut arrêter ce traitement et trouver des alternatives.