Plan de gestion de crise

Le Trouble Bipolaire se traduit, par définition, par la répétition de crises maniaques et dépressives.

Les recommandations internationales incluent dans le traitement, en association au traitement médicamenteux et aux mesures de neuro-protection, la psycho-éducation qui vise à prévenir les rechutes en rendant les patients acteurs de leur soins. Malheureusement, les groupes de psycho-éducation sont peu répandus en dehors des Centres Experts, dans certains CHU.

Un aspect central de la psycho-éducation est la mise en place d’un plan de gestion de crise. Celui-ci peut être réalisé avec l’aide du psychiatre traitant, voire même, dans certains cas, simplement par le patient et ses proches.

Il s’agit de définir précisément quels sont les signes avant-coureurs d'(hypo)manie et de dépression et de déterminer une conduite à tenir précise pour éviter l’évolution vers une situation aiguë et sévère conduisant à l’hospitalisation.

Chacun devra, selon son expérience, déterminer, parmi la Liste signes Dépressifs et Maniaques ceux qui sont les plus précoces dans son cas. Il est bon de préciser deux niveaux d’alerte : les signes précoces (« alerte jaune ») et les signes d’urgence (« alerte rouge »).

Ceci permet de proposer des mesures graduées selon le niveau d’alerte.

En cas d’alerte jaune :

  • Augmenter le traitement selon ce qui a été préalablement prévu avec le médecin
  • Mettre en place les mesures indiquées ici pour les dépressions et ici pour les (hypo)manies, en les enrichissant et en les précisant par ses expériences personnelles.
  • si besoin, prévoir des visites quotidiennes d’infirmières libérales pour donner le traitement, faire le point sur l’évolution.

En cas d’alerte rouge :

  • Augmenter et compléter le traitement selon ce qui a été préalablement prévu avec le médecin.
  • Prévoir une hospitalisation rapidement. En construisant ce plan avec le patient à l’avance, il est souvent possible d’obtenir son accord pour l’hospitaliser en clinique, plutôt qu’à l’hôpital sans son consentement, dès l’apparition de certains signes, comme une réduction du temps de sommeil, une suractivité repérée par telle et telle personne en qui il a confiance. Le patient peut également expliquer ce qui l’a traumatisé dans les expériences précédentes d’hospitalisation et proposer des mesures pour éviter que cela ne se renouvelle. Il peut aussi indiquer quel traitement lui a été difficile à supporter et quel traitement lui a été plutôt favorable. Par exemple, un patient déjà hospitalisé six fois sous contrainte pour hypomanie sévère disait refuser les neuroleptiques mais accepter le SERESTA à 200mg par jour en cas d’hypomanie. Le plan de gestion de crise a inscrit cette préférence mais avec la contre-partie que le patient accepte d’être hospitalisé très précocement car le SERESTA est moins efficace que les neuroleptiques ans ces situations.

L’intelligence collective qui émerge de l’interaction entre le patient et son entourage, si possible aidée par la médiation d’un soignant ou d’un groupe de psycho-éducation, permet de créer un plan de gestion de crise. Celui-ci, recueilli par écrit, donne le moment venu la conduite à tenir pour éviter l’évolution vers un épisode cataclysmique et douloureux pour tout le monde.