Iode

L’iode est indispensable à la synthèse des hormones thyroïdiennes.

Les hormones thyroïdiennes ont plusieurs fonctions fondamentales, elles contrôlent :

  • les processus de développement
  • le métabolisme (« ensemble des actions de transformation que réalise l’organisme, aboutissant à la production d’énergie ou de diverses substances »)
  • la production de chaleur.

 

Insuffisances en iode :

Les insuffisances d’apport en iode sont fréquentes et leurs conséquences potentiellement graves :

Selon l’anses, « de nombreuses enquêtes européennes soulignent une insuffisance d’apport dans une large partie de la population âgée de plus de 10 ans. Selon l’étude INCA 43% des femmes en âge de procréer ont un apport en iode insuffisant ».

Le manque d’iode pendant la grossesse entraîne un retard mental de l’enfant proportionnel à l’intensité de la carence, jusqu’au « crétinisme ». (1) Ce problème est toujours d’actualité en France : il concerne 1 enfant sur 4500 naissances (2) (soit environ 180 cas par an).

De nombreux polluants, notamment le mercure et les PCB (PolyChloroBiphényls) interfèrent avec les hormones thyroïdiennes. L’exposition à ces produits pendant la grossesse peut avoir les mêmes conséquences sur l’enfant qu’une hypothyroïdie par carence en iode. L’augmentation des Troubles du Spectre Autistique (1 enfant américain sur 88, soit 60 fois plus qu’en 1975) et des TDA/H seraient en partie liés à ce mécanisme. (3) Pour atténuer ces problèmes, il est capital que les femmes enceintes et allaitantes aient un apport suffisant en iode (250mcg/jr) et en sélénium (75mcg/j), cofacteur de la synthèse de T3. (4)

Chez l’adulte, le manque d’iode conduit à l’hypothyroïdie et aux déformations de la thyroïde.

Selon les régions françaises, de 5 à 21% des hommes et 9 à 23% des femmes ont un goitre débutant ou des nodules, par déficience alimentaire en iode. (5)

Un manque d’iode (indiqué par une concentration urinaire d’iode, sur urines de 24h00, inférieure à 100 mcg/l) modifie le fonctionnement de la thyroïde, même si le bilan sanguin thyroïdien est normal. Ceci a des conséquences en particulier sur le cerveau. (6)

 

Apports Nutritionnels Conseillés :

  • Adultes :150 mcg/j (0,15mg)
  • Enfants de 1-3 ans : 80 mcg/j
  • Enfants de 4-6 ans 90 mcg/j
  • Enfants de 7-9 ans 120 mcg/j
  • à partir de 10 ans :150 mcg/j
  • F.enceinte : 250 mcg/j

Si l’apport est suffisant, l’adulte a une concentration urinaire >100mcg/l et la femme enceinte >150mcg/l.

Apport maximal chez l’adulte : 600 mcg/jr (1mcg=7,8mmol). (7)

 

Sources alimentaires d’iode :

• Produits de la mer :

MAIS : en raison de la pollution (PCB, methylmercure notamment), l’Anses recommande de ne pas manger plus de 2 portions de poissons par semaine, dont un poisson gras (sardine, maquereau, hareng, …) et de limiter à 2 fois par mois la consommation de poissons d’eau douce fortement bio accumulateurs, qui, de toute façon, ne contiennent pas d’iode.

  • Cabillaud vapeur : 110 mcg d’iode/100g
  • Huîtres crues : 88
  • Sardines à l’huile appertisées : 70
  • Harengs marinés : 69
  • Anchois crus :55
  • crevettes cuites: 30
  • Maquereaux appertisés :18
  • Thon Albacore égoutté appertisé : 1

(D’après https://ciqual.anses.fr)

  •  Sel supplémenté en iode (1860 mcg/100g, soit 18,6mcg par g).

MAIS: l’iode s’évapore très facilement (à travers l’ouverture de la boîte, à travers le carton, lors de la cuisson. Le « sel de mer » ne contient pas d’iode car l’iode qu’il contenait s’est évaporé ; le sel utilisé dans les aliments industriel ne contient pas d’iode car il n’est pas supplémenté en iode.

ATTENTION à la surconsommation de sel qui favorise tous les problèmes cardio-vasculaires et l’ostéoporose avec l’apparition de fractures.

L’OMS recommande une consommation maximale de sel de 5g/j. Or les français en consomment environ 10g/jr :6 à 8g proviennent des aliments achetés (issus d’abord du pain et des biscottes, puis de la charcuterie, des condiments et sauces, des plats cuisinés, des fromages, des soupes et potages, ainsi que des quiches et pizzas) et 1 à 2 g proviennent du salage des plats et de l’eau de cuisson par le consommateur lui-même. Seuls ces 1 à 2 g sont les seuls apportent de l’iode : 18,6mcg pour 1 g de sel ou 37,2mcg d’iode pour 2g de sel (si le sel supplémenté en iode est dans la boîte depuis peu de temps et s’il a été conservé correctement).

(Source : https://www.anses.fr/fr/content/le-sel)

  •  Produits laitiers (par l’iode des végétaux broutés par les vaches (si elles broutent et si elles broutent en zone proche de la mer pour que les végétaux reçoivent une eau de pluie riche en iode) et par les produits utilisés pour nettoyer leur pis).

MAIS la teneur en iode des produits laitiers est variable selon les régions et les saisons (il y a 20% d’iode en plus dans le lait produit en hiver (anses)).

  • Lait écrémé UHT 12,7 mcg pour 100g
  • Emmental 32,3
  • Yaourt nature au lait partiellement écrémé : 20
  • Camembert au lait cru : 19
  • Fromage blanc type petit-suisse au lait ½ écrémé : 14
  • Viennois ou Liégeois rayon frais <10
  • Féta de Brebis : 0

• Autres : Œufs : 52mcg/100g ; Haricots rouges : 13mcg/100g ; Pousses de soja : 3,49 ; Pois cassés : 2

(là aussi, la teneur est variable selon les régions et les modes de production)

(D’après https://ciqual.anses.fr)

1 Bath SC, Steer CD, Golding J, Emmett P, Rayman MP, Effect of inadequate iodine status in UK pregnant women on cognitive outcomes in their children: results from the Avon Longitudinal Study of Parents and Children (ALSPAC), Lancet. 2013 Jul 27;382(9889):331-7. doi: 10.1016/S0140-6736(13)60436-5. Epub 2013 May 22. :corrélation statistiquement significative entre la faiblesse du QI et les difficultés d’apprentissage à 8ans et l’insuffisance de la concentration d’iode urinaire de la mère au premier trimestre de la grossesse.
2 Bourre JM, La chrono-diététique, Odile Jacob, 2012, p.91
3 Demeneix B, Le cerveau endommagé, Odile Jacob, 2016, p.27
4 Idem p.77
5 Bourre JM, La chrono-diététique, Odile Jacob, 2012, p.93
6 Habituellement, la thyroïde produit essentiellement de la T4 qui est une prohormone et doit être transformée par les différents organes en T3, hormone active. L’insuffisance en iode amène la thyroïde à produire directement de la T3, or le cerveau utilise essentiellement la T3 qu’il a lui-même fabriquée à partir de la T4 circulant dans le sang. Un manque d’iode amène une hypothyroïdie au niveau cérébral, alors que le bilan classique est quasi-normal. Obregon MJ1, Escobar del Rey F, Morreale de Escobar G. The effects of iodine deficiency on thyroid hormone deiodination. Thyroid. 2005 Aug;15(8):917-29.
7 Europen Food Information Council http://www.eufic.org/article/fr/artid/Carence-iode-Europe-probleme-sante-publique-preoccupant-qui-ne-se-voit-pas/