Médecin psychiatre depuis 1991 (n°RPPS 10003060356),  j’ai construit ce site pour faciliter le diagnostic précoce et la prise en charge globale des Troubles Bipolaires et des Dépressions.  Ces deux points sont, en effet, fondamentaux (et sont trop souvent négligés) :

 

Les Troubles Bipolaires sont fréquents.

Ils concernent 2,5 à 4 % de la population générale selon les estimations et ils sont sous-diagnostiqués. 65 % des épisodes dépressifs majeurs vus en consultation psychiatrique appartiendraient en réalité au Spectre bipolaire (Akiskal 2006). Les Troubles bipolaires, encore appelés Troubles de l’Humeur, incluent la Cyclothymie, caractérisée par la rapidité des changements d’humeur, souvent plusieurs fois dans la même journée, et par la quasi absence de moments où l’humeur est normale. Elle est encore plus sous-diagnostiquée que les autres Troubles Bipolaires. Chaque fois, dans ce site, que nous parlerons de « Troubles Bipolaires », nous inclurons la Cyclothymie.

• Les Troubles Bipolaires sont graves.

Le risque suicidaire est multiplié par 15. La souffrance est intense. Les risques familiaux, professionnels, sociaux, financiers, judiciaires et les risques pour la santé physique (stress chronique, maladies inflammatoires notamment cardio-vasculaires) sont nombreux.

• Les Troubles Bipolaires non soignés s’aggravent et deviennent de plus en plus difficiles à traiter.

 

→ En conséquence, le diagnostic doit être le plus précoce possible. Or, celui-ci est réalisé en moyenne avec un retard de 10 ans (Retard de diagnostic).

 

• Les Troubles Bipolaires sont souvent associés à d’autres pathologies, notamment:

      • Trouble panique avec ou sans Agoraphobie
      • Phobies
      • Troubles Anxieux Généralisé
      • Troubles Obsessionnels Compulsifs
      • Troubles des Conduites Alimentaires
      • Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité
      • Troubles instrumentaux (dyslexie, …).

• Les Troubles Bipolaires sont aggravés, voire déclenchés, par tout ce qui agresse le cerveau (produits toxiques (alcool, cannabis,…), mauvaise alimentation, manque de sommeil, sédentarité, stress,…).

 

→ En conséquence, le traitement des Troubles Bipolaires doit comporter trois pôles:

• 1) Traitement du Trouble Bipolaire lui-même, en utilisant tous les moyens disponibles : médicaments ; psychothérapie, Éducation Thérapeutique, Hôpitaux de Jour, éventuellement Hospitalisation à Domicile, visite d’infirmier(e)s à domicile ; le cas échéant, mesures sociales (Allocation Adulte Handicapé,…) et mesures de protection (tutelles).

• 2) Traitement des troubles associés

• 3) Mesures pour protéger le cerveau et traitement de tout problème de santé éventuel, notamment digestif. La première fiche, appelée « Auto-soin » constitue la pierre angulaire de toute démarche de soin psychiatrique ; elle présente de manière précise les conditions sine que non  de la santé mentale et que chacun peut mettre en place par lui-même. 

 

Si le traitement est incomplet, le Trouble Bipolaire continue d’être mal stabilisé et neurotoxique (c’est à dire qu’il continue d’abîmer le cerveau).

 

 

 La Dépression est l’une des maladies psychiques les plus répandues. Selon une enquête réalisée en 2005 par l’Inpes :

8 % des Français de 15 à 75 ans (soit près de 3 millions de personnes) ont vécu une dépression au cours des douze mois précédant l’enquête ;
19 % des Français de 15 à 75 ans (soit près de 8 millions de personnes) ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur vie.
La dépression est une maladie qui semble toucher davantage les femmes : environ deux fois plus de femmes sont diagnostiquées comme souffrant de dépression. (http://inpes.santepubliquefrance.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1057.pdf)

 

• Le diagnostic tardif entraîne l’aggravation de la Dépression.

 

Le diagnostic imprécis des Dépressions aboutit à des erreurs thérapeutiques funestes.

Il faut distinguer :

  • Syndrome dépressif (Déprime) et Dépression caractérisée
  • et à l’intérieur des Dépressions caractérisées :
    • les Dépressions associées à un épisode maniaque ou hypomaniaque qui sont en réalité des troubles bipolaires (selon le critère E du DSM 5, le diagnostic de dépression ne doit pas être retenu s’il y a eu un épisode maniaque ou hypomaniaque précédemment; le diagnostic est alors celui de Trouble Bipolaire.)
    • les Dépressions à risque d’évolution vers un trouble bipolaire (25% des Dépressions caractérisées). Ceci peut être anticipé si l’on explore précisément les Éléments en faveur de la bipolarité.
    • Les Dépressions unipolaires
    • Il faut également repérer si la dépression est plutôt de type sérotoninergique, noradrénergique ou dopaminergique (voir Démarche diagnostique Dépressions).

 

• Les antidépresseurs ne sont pas le traitement des syndromes dépressifs (Déprimes). Ils sont inefficaces dans ces situations, sauf pour soigner la composante anxieuse éventuellement associée. Les dépressions modérées doivent être soignées par les Mesures pour protéger le cerveau et par la psychothérapie.

 

• Les antidépresseurs ne sont pas le traitement de première intention des dépressions de la bipolarité. S’ils sont utilisés, ils doivent l’être en association avec un régulateur de l’humeur, sinon ils peuvent amplifier les idées et conduites suicidaires, aggraver l’instabilité de l’humeur, provoquer angoisse et impulsivité,…

 

Les antidépresseurs sont à réserver aux Dépressions caractérisées, mais en dehors de la bipolarité.

 

• Le traitement des Dépressions comporte également trois pôles (tout comme les Troubles Bipolaires, les Dépressions peuvent être associées à d’autres troubles et sont aggravées par tout ce qui agresse le cerveau) :

• 1) Traitement spécifique de la Dépression elle-même

• 2) Traitement des troubles associés

• 3) Mesures pour protéger le cerveau et traitement de tout problème de santé éventuel, notamment digestif

 

 

Le site est constitué de fiches pratiques pour mettre en œuvre ces deux objectifs de diagnostic précoce (dont celui de Cyclothymie, affection peu connue et grave) et de traitement global. Elles sont en libre accès. Les fiches comportent des liens, en italique, qui renvoient à d’autres fiches.

 

J’espère que ces fiches aideront les patient(e)s et leur entourage.

Je serais ravi si elles facilitaient le travail pratique de mes consoeurs et confrères.

 

Je dois ma compréhension du Spectre bipolaire et notamment de la Cyclothymie au site du Dr Élie Hantouche (CTAH.eu) et à ses ouvrages (par exemple Soigner sa Cyclothymie, Paris, Odile Jacob, 2009, avec Vincent Tribou).  Une partie des ses questionnaires sont reproduits ici avec son aimable autorisation. Qu’il soit remercié très chaleureusement.

L’approche globale, incluant la santé physique et psychique, en particulier à travers la nutrition et le soin des troubles digestifs, a été soutenue par des échanges riches et réguliers avec différents collègues, qu’ils soient également remerciés.

Que soit aussi remerciée la revue Prescrire, outil irremplaçable pour une bonne pratique.

 

J’ai préféré garder l’anonymat pour qu’il soit bien clair que ce site ne vise pas ma promotion personnelle et pour éviter d’amplifier ma surcharge de travail